L'église de Vasselay
Si l'église de Vasselay n'offre pas une architecture remarquable, elle n'en occupe pas moins la place centrale du bourg, et comme tout édifice, elle possède sa propre petite histoire.
Une histoire qui s'inscrit dans celle du village et que je vous propose de découvrir à la lecture de ces quelques pages.
AVANT LA CONSTRUCTION DE L’ÉGLISE ACTUELLE
L’ancienne église paroissiale, qui datait probablement du XII ème siècle, était placée sous le vocable de SAINT JULIEN DE BRIOUDE. Elle était implantée au centre du bourg, à l’emplacement de l’actuelle place publique, le chevet orienté à l’Est (orient) entourée au sud par l’enclos du presbytère et au nord par le cimetière. En 1863, le cimetière, qui tombait sur le coup de la loi, car situé au centre du bourg et donc, trop près des habitations, est transféré en périphérie au lieu-dit « Les ripalets ». |
En 1872, après mise en service du nouveau lieu de culte, l’ancienne église est entièrement démolie. Entre 1902 et 1904, le presbytère qui tombait en ruine est démoli et ses pierres sont réemployées dans la construction de la nouvelle cure implantée à la sortie du bourg route de Boisday. En juin 1902, l’abbé LARUE (1862-1952), curé de la paroisse (1897-1951), s’installe dans la nouvelle cure. En janvier 1904, pendant que l’on continue de déblayer et de niveler la toute nouvelle place du village, l’agent voyer marque les emplacements où seront plantés les marronniers et tilleuls. |
LE PROJET DE CONSTRUCTION
Devant l’état de délabrement avancé de l’ancienne église, et aussi en raison de son manque d’espace, n’offrant que 200 places pour une population d’environ 900 habitants, la municipalité et les paroissiens se mobilisent pour envisager la construction d’un nouvel édifice. Le 6 juin 1865, le Conseil Municipal, sous la présidence de M. Louis DE BENGY DE PUYVALLEE (1814-1878), maire (1849-1865), se prononce par 8 voix contre 3 pour la construction d’une nouvelle église. Lors de la séance suivante, le 7 septembre, la décision est définitivement arrêtée et le conseil nomme trois commissions : – L a première est chargée de visiter les églises récemment construites et de s’enquérir du prix qu’elles ont coûté ; – La deuxième est priée de recenser les parcelles communales susceptibles d’être vendues ou affermées, pour fixer ainsi un bilan approximatif des ressources dont la commune pourra disposer ; – La troisième doit déterminer l’emplacement de la nouvelle construction. Au cours de la réunion du 15 mars 1866, cette dernière commission proposa que l’édifice occupât une partie de l’ancienne église, le chœur orienté à l’Ouest contrairement aux règles traditionnelles, permettant ainsi d’utiliser la pente du terrain pour construire le perron et de donner, après démolition complète de l’ancien édifice, une place publique, tout en conservant pendant quelque temps encore le presbytère. M. Émile TARLIER (1825-1902), architecte diocésain (1854-1887), à qui le projet fut confié, dressa les plans d’une église en forme de croix latine, de style néo-gothique très simplifié. Intérieurement, l’édifice comprendrait : un vestibule, une nef éclairée par six fenêtres, un transept avec deux chapelles latérales, un chœur surélevé d’une marche et encadré de deux sacristies formant à l’extérieur un seul tout avec les chapelles et le sanctuaire. |
A l’extérieur, des contreforts supporteraient la poussée des murs surmontés d’une couronne de corbelets et les pignons seraient à rampants ; des croix nimbées coifferaient ceux des chapelles et des sacristies et le portique d’entrée serait encadré de six colonnettes surmontées d’une profonde voussure. Le 23 avril 1867, le conseil municipal prit connaissance de l’appréciation du commissaire enquêteur : celui-ci demandait que l’emplacement consacré à l’édifice fût reporté un peu plus haut, en achetant le terrain et le bâtiment du sieur BEAUVAIS. « Ce report permettrait, disait-il, de conserver l’ancienne église jusqu’à la mise en service de la nouvelle, et le bourg pourrait par la suite bénéficier d’une plus grande place ». L’acquisition du terrain nécessitant des frais supplémentaires, on demanda à l’architecte d’examiner à nouveau le devis et d’ajourner la construction d’une des deux sacristies, afin d’abaisser le montant du devis initial de 48 000 à 42 000 francs. M. TARLIER répondit défavorablement à cette demande qui nuirait à son sens à la solidité de l’ensemble. Pour faire face au déficit, une demande d’allocation fut faite à l’Etat et de nouveaux terrains communaux et du bois d’usage furent vendus. L’Etat accorda une partie de l’allocation sollicitée et devant la dépense élevée, le ministre du culte demanda, dans une lettre du 22 février 1868 et transmise par le préfet, d’ajourner la construction d’une partie du clocher. Le conseil municipal n’obtempéra pas à cette demande, n’osant sacrifier la plus belle partie de l’édifice. Des souscriptions importantes furent obtenues avec la promesse que le clocher projeté serait construit. |
LA CONSTRUCTION
Au mois de juillet 1868, Mgr DE LA TOUR D’AUVERGNE (1826-1879) étant archevêque de Bourges (1861-1879), M. l’abbé Etienne LEBEAU (1830-1889), curé de la paroisse (1861-1883), et M. Jacques TROUVE (1820-1888), maire de la commune (1865-1870), la première pierre angulaire fut bénie et les travaux confiés à l’entreprise de M. Louis LAMY commencèrent. On employa, pour le socle et les parties extérieures, la pierre de taille tirée des carrières de la Chapelle. La pierre de Bourges, plus tendre, fournit le matériau des colonnes intérieures et des ouvertures. Au cours du mois d’avril 1870, le chœur et l’abside reçurent les dalles de l’ancienne église dont quelques-unes portaient des épitaphes. On peut encore distinguer celles qui ont été replacées au milieu du transept. Au nombre de quatre, elles sont devenues peu lisibles. Le frottement des chaussures ayant fortement effacé les inscriptions qui rappelaient la sépulture d’une dame PICHET….. Femme de M. Michel DUPAIN, père et mère de M. Ursin DUPAIN, curé de Vasselay de 1690 à 1738. Dans le chœur, devant l’autel en bois, se trouve celle de l’abbé Claude François FOUQUET, décédé le 6 janvier 1784 à l’âge d’environ 28 ans, victime de son devoir. Elle porte la date de 1784 avec un filet figurant le couvercle d’un cercueil. La pierre tombale de M. Jacques DE BENGY et de son épouse Madeleine BLONDEAU, tous les deux décédés en 1712, et qui était reposée vers la porte de la sacristie est maintenant complètement effacée. |
Le clocher-porche, tout en pierre, que l’on aperçoit de fort loin présente une forme octogonale, et de fausses gargouilles l’agrémentent à ses angles. Les gâbles étaient à l’origine surmontés de fleurons que l’on enleva lors des travaux de réparations du clocher de 1968. M. Prosper TROTTIER, des Pâtureaux, offrit la croix en fer, forgée par M. Griffon artisan à Vasselay, qui devait surmonter la flèche à 37 m. du sol et qui rappelait dans la terminaison de ses bras celle qui se trouvait sur le clocher de l’ancienne église. Trop lourde pour être fixée sans danger sur son socle, elle fut remplacée par une nouvelle croix plus légère. Au décès de M. TROTTIER, M. Henri GANGNERON, héritier de ses biens, fit élever, en 1881, la croix abandonnée à la pointe de son champ « la vigne blanche », au carrefour des chemins ruraux de St Martin-d’Auxigny à Bourges et des Pâtureaux à Vasselay, où nous la voyons encore aujourd’hui. Bien que les travaux fussent terminés le 20 juin 1870, (un mois plus tard la France déclarait la guerre à la Prusse), l’église ne fut bénie et placée, comme l’ancienne, sous le vocable de St JULIEN que le 19 mars 1871, après la signature de l’armistice, en la fête de St JOSEPH par M. APPE, vicaire général archidiacre de Bourges, pendant le mandat de M. Pierre GRIFFONT (1810-1887), maire de la commune (1870-1876 et 1878-1881). On dit que pendant la guerre de 1870, les troupes françaises, trouvant que le clocher était trop repérable aux éclaireurs prussiens arrivés jusqu’à Allogny, avaient projeté de le faire sauter. |
LES CLOCHES
Jusqu’en 1887, le beffroi, prévu pour recevoir quatre cloches, conserva la cloche de l’ancienne église. Elle portait l’inscription suivante : « STI NOMEN DNI BENEDICTVM. BENEIST EN LA MEMOIRE DE ST JULIEN 1620 PARRIN N. HOM G. PICAVLT ET MARRAINE DAME CL. HVAUD. F. MAINY Le parrain devait être noble homme Gabriel PICAULT, conseiller au présidial de Bourges, qui fut l’un des rédacteurs du cahier des remontrances à l’assemblée du Tiers Etat préparatoires des Etats Généraux de 1614. La marraine était Me Claude HUAULT dame de Puyvallée.
Cette même année 1887, le conseil municipal décida, au cours de sa séance du 11 août d’acquérir trois cloches, et l’abbé Louis Athanase DEPIGNY (1834-1891), curé de la paroisse (1884-1891), en offrit une quatrième. Le montant de la dépense fut couvert par la vente aux enchères d’un terrain communal près de Coulaire, par une souscription auprès des paroissiens et par la prise en déduction de la vieille cloche qui fut refondue par la maison BOLLEE d’Orléans chargée de tous les travaux. La bénédiction des cloches eut lieu le 11 décembre 1887 sous la présidence de Mgr Jean Joseph MARCHAL (1822-1892), archevêque de Bourges (1880-1892). Les cloches furent montées sur roulement à billes en février 1925 et électrifiées pour la toussaint 1969 à la suite des travaux de restauration du clocher.